Août 2017, Des Montagnes Colombiennes à l'Equateur

Nous avions bien l'intention de profiter encore un peu de la Colombie en ce mois d'Août sans avoir le jus et dans l'idée de quitter le pays avec de nouveaux bons souvenirs pour "panser" notre mauvaise expérience et ce qui en résulte... Des rendez-vous ici et là sont prévus dans le coin de Bogotá avec des personnes fraîchement rencontrées. Ces moments partagés nous font du bien et c'est ce que nous voulons garder en mémoire de la Colombie. A peine retrouvons nous du plaisir à être en Colombie qu'une nouvelle tuile nous tombe sur le coin du nez... 

Après le voleur de notre matériel photo, c'est à la Police du Transit de nous faire une mauvaise surprise ! De bon matin, nous garons Pépère dans une rue de Chía que nous connaissions bien pour y avoir circulé quelques fois. Pas de signe d'interdiction de stationner, nous demandons aux personnes qui vivent dans la rue si nous dérangeons... Visiblement pas de souci à se parquer là. Et nous partons tranquillement vers le Mc Donalds pour profiter de son wifi et travailler sur internet, Alex avec le sac photo sur le dos et moi avec le sac des ordinateurs. Pour bien faire les choses et comme les cicatrices sont encore douloureuses, nous n'oublions pas de prendre nos passeports et de retirer le fusible de 15 du moteur, ce qui empêcherait tout voleur de partir avec la voiture... Oui nous en sommes là ! 

De retour dans les montagnes, nous découvrons les cicatrices de l'éruption de 1985 au Nevado del Ruiz (5321m)

Quelques heures se passent, nous avançons notre travail de partage et il est temps pour nous de prendre la route pour partir à quelques kilomètres de là, dans les montagnes, pour changer d'air. Au moment d'arriver à la voiture, la rue est vide ! Nous nous regardons stupéfaits, interrogatifs. Oui nous avions bien garé la voiture là et elle n'y est plus. Non c'est pas possible, on nous a volé tout ce qu'il nous reste ! Raisonnement, Alex se rappelle qu'il a enlevé le fusible et que si elle est volée, le gars n'a pas pu aller bien loin. Nous soufflons à moitié car où est-elle ??? Nous demandons au personnel de sécurité de l'entreprise en face de laquelle nous étions garés s'ils ont vu quelque chose et là, ils nous annoncent comme si ce n'était rien : Ah la camioneta ? La Police du Transit l'a prise ! Bref, tout parait normal pour eux alors que nous venons d'avoir en tête l'idée que nous avions tout perdu ! 

Le temps d'aller jusqu'aux bureaux de la Police, qu'ils nous indiquent où est stockée la voiture, de s'y rendre ensuite et de la retrouver enfin, nous sommes complètement remontés, nous avons eu trop peur et franchement, nous n'avons en tête que l'idée de quitter ce pays. Mais à ce moment là, nous sommes encore dans un état d'incompréhension. Pourquoi ont-ils pris la voiture ? Et c'est au moment de demander les raisons de cette intervention de la fourrière que nous explosons complètement. Il faut dire qu'ils ne sont pas très fiers de nous annoncer qu'ils ont pris la voiture parce qu'elle était... abandonnée !... Trop c'est trop, la goutte d'eau qui fait déborder le vase est d'une absurdité totale et nous n'en pouvons plus. Si nous avions pu gagner la frontière pour l’Équateur le même jour, nous l'aurions fait !

Retour heureux dans les montagnes, au pied du Nevado del Ruiz

Une coulée de lave et de boue au cœur d'un paysage paisible aujourd'hui

La seule raison qui nous fait rester une soirée de plus à Chía est une soirée Poker avec les employés vénézuéliens du garage des Silva. Nous avons passé tant de bons moments avec eux au garage que nous ne pouvons pas partir sans leur dire au revoir en partageant une bonne bière. Parce que la Poker en Colombie, c'est une bière ! Jorge, Diego, Julio, Enyelbert... Ces hommes qui ont fui leur pays et leur situation pour s'exiler en Colombie et tenter de construire une nouvelle vie, d'abord seuls pendant des mois avant que leur famille puisse enfin les rejoindre... Nous sommes devenus très proches d'eux et avons appris beaucoup sur leur dure réalité de vie. Nous avons l'espoir de les retrouver un jour, le jour où il sera possible pour eux de retourner vivre au Venezuela.   

Joyau de nature au pied du volcan actif

Back to the mountains ! Retour vers les montagnes ! Nous prenons la route vers le Nevado del Ruiz, ce volcan que nous avions déjà approché de près et là où nous sommes sûrs de retrouver un peu de paix à 4000 mètres d'altitude. La piste qui nous amène au pied du volcan nous fait voyager à travers l'histoire de ce volcan dont l'éruption en 1985 fut l'une des plus dramatiques du XXème siècle, avec plus de 25 000 personnes englouties dans une coulée de boue et de lave à plus de 50 kilomètres du cratère. La cicatrice est bien visible et laisse imaginer la catastrophe qui n'a toutefois pas touché les villages les plus proches. 

Découvrez toutes nos photos dans notre album 

Le paysage est parsemé de fincas isolées, ces petites fermes dont les propriétaires vivent de la vente du lait et de la viande de leurs jolies vaches normandes bien acclimatées à l'altitude ! 

La Vallée des Merveilles

La vie nous fait alors un beau cadeau et place sur notre route des personnes qui nous aident à relativiser. Neil attend sur le bord de la piste que quelqu'un veuille bien charger ses lourds paquets pour rejoindre sa finca à quelques kilomètres de là. Son matelas sur le toit, ses sacs de jute chargés à l'arrière, il ne me reste plus qu'à trouver une place entre Alex et Neil, sur la console centrale et pliée en deux. Pas de souci, c'est pour quelques kilomètres seulement et ça nous fait plaisir de lui donner un coup de main. Neil possède une finca avec une trentaine de vaches dans un vallon et il vient aider à s'installer un jeune couple qui s'occupera de sa finca au quotidien. Ainsi, nous aidons en quelque sorte à un déménagement en plein cœur des montagnes colombiennes. Nous arrivons à un col, notre lieu de déchargement. Le lieu bien nommé "las Ventanas", que nous traduirons par "les fenêtres ouvertes", est battu en permanence par le vent et pris dans les brumes froides.

Déchargement des mules et de leur cargaison de pommes de terre, l'or de ces terres colombiennes

C'est là que vit Irene avec son dernier fils de 4 ans, Leito. Elle y tient une petite tienda et y vend quelques paquets de papas fritas (des chips), des biscuits à se mettre sous la dent et des boissons gazeuses pour ceux qui osent y faire une halte. Elle nous accueille en nous proposant un café chaud dans sa cuisine rudimentaire, un énorme poêle à bois qui fait à la fois office de gazinière et de cheminée. Nous venons tous nous regrouper autour de l'unique source de chaleur tandis que le vent s'engouffre par toutes les failles du bâtiment. Le froid et le vent nous glacent le sang mais le café nous redonne de l'énergie, parfait pour aider à décharger les 14 mules lourdement chargées chacune de 100 kilos de pommes de terre qui arrivent tout juste au col. Elles arrivent justement de la vallée où se trouve la finca de Neil et une fois déchargées, il n'y a plus qu'à les charger à nouveau avec ses sacs à lui.

Sur le chemin des mules

La vie dans les montagnes est rude et s'entraider est une loi naturelle de survie. Irene est déjà en train de réchauffer une soupe qu'elle nous offre bien chaude. Nous allons avoir besoin d'énergie puisque nous avons décidé de descendre avec Neil à sa finca, au rythme du convoi de mules qui connaissent très bien le chemin et filent à grande allure vers leur destination. 30 minutes pour descendre, une heure pour remonter, nous saisissons l'opportunité d'aller nous dégourdir les pattes et de découvrir cette vallée secrète où les routes n'existent pas. Le fait d'être de nouveau en montagne nous permet de vivre pleinement le moment présent et d'apprécier la compagnie de gens simples et courageux. Nous remontons de la finca vers le col venté après avoir aidé à l'étape ultime du déménagement, à savoir le nouveau déchargement des mules. La nuit ne va pas tarder à tomber et le chemin de retour grimpe. A 4000 mètres d'altitude, nos muscles fatigués se font douloureux et notre respiration souffre du manque d'oxygène mais ces ressentis nous rappelle combien nous aimons la montagne. D'ailleurs, nous redescendrons pour prendre le petit déjeuner le lendemain matin à la finca, ça nous fera du bien de reprendre le chemin des mules !

Une invitation à aller se dégourdir les jambes !

Petit déjeuner autour du poêle à bois

Nous arrivons au col, Pépère nous y attend, nous comptons bien y passer la nuit, au chaud à l'intérieur sous notre duvet. Mais Irene et Leito nous attendent aussi. Elle a préparé du riz et des bananes plantains et compte bien nous offrir un bon repas avec le peu qu'elle a, nous qui sommes devenus ses "compagnons" puisque nous avons élu domicile pour la nuit tout près de sa petite maison aux 4 vents, partageant avec elle les dures conditions de vie en montagne. Finalement, alors que nous n'étions que de passage dans ces montagnes, nous sommes embauchés toute une journée chez Neil pour courir la montagne à la recherche de ses 34 vaches normandes, pour les ramener à la finca, les marquer, les vacciner et les traiter contre les parasites, sans oublier de couper au plus court les poils de la queue ! Et apparemment, c'est purement esthétique ! 

C'est parti pour crapahuter pour aller chercher les vaches ! 

 De retour à la finca avec le troupeau au complet

Plus de photos dans notre album 
"Rencontres du Nevado del Ruiz"
 
De retour au col, lorsque nous retrouvons Irene et son Leito, nous accueillons deux nouveaux compagnons au col de Las Ventanas ! Ce sont Daniel et Zahira, 8 et 9 ans, deux autres enfants d'Irene qui arrivent de l'école où ils restent toute la semaine. Ils viennent de faire 3 heures de marche à pied pour venir passer la fin de la semaine avec leur maman et nous nous regroupons de nouveau autour du gros poêle à partager un peu de chaleur et une bonne assiette de riz, tous les six. Pour parfaire notre petite expérience de vachers en Colombie, il ne nous manquait plus qu'une séance de traite ! Irene possède six vaches et tous les matins, elle fait 30 minutes de marche pour les rejoindre dans un vallon vert, au pied du volcan. Elle est heureuse que nous l'accompagnions ce jour-là ainsi que sa fille Zahira alors que la majorité du temps, elle est seule. Seule pour regrouper les vaches, seule pour lutter contre les petits veaux sevrés qui veulent s'échapper de leur enclos pour rejoindre leur mère et se rappeler le bon goût du lait frais maternel, seule pour les traire et charger les lourds bidons de lait sur la mule pour remonter au col... Quand il est temps pour nous de leur dire au revoir, nous quittons le col froid et venté, réchauffés par chacun de ces moments partagés.

En apprentissage !

Après la traite, retour auprès du poêle pour préparer un riche petit déjeuner !

Moments de vie en images dans notre album
 
Les rencontres inoubliables continuent dans cette partie de la Colombie qui sera au final, la région que nous aurons préférée. Nous avons la chance de faire connaissance avec Mauricio Salazar, pilote colombien sur le Dakar et avec ses amis à Manizales. Nous nous retrouvons embarqués dans le déménagement d'Heliana, Angelo, Mafé, Manuel y Felipe à Pereira et Pépère nous aide une fois de plus à donner un coup de main de bon cœur. Le fossé est tellement grand entre notre ressenti négatif de la Colombie et l'intensité de ces rencontres que nous avons du mal à croire que tous ces moments se sont passés dans le même pays. Si un jour nous revenons en Colombie, ce sera uniquement pour retrouver ces personnes à qui nous avons laissé un bout de notre cœur...

Simplement, de grands moments de joie ! Avec Zahira, Leito et Daniel dans le poste de pilotage...

Avec Heliana, Mafé, Angelo et Felipe, devant leur nouvelle maison

Nous voici maintenant en Équateur, la page ne se ferme pas sur la Colombie car nous sommes toujours impliqués dans des démarches administratives suite au vol qui a eu lieu il y a plus de quatre mois maintenant... Il règne dans ce nouveau pays une toute autre ambiance, tellement plus calme et saine et nous sentons qu'il est temps de prendre un nouveau départ, paisible et positif.

 Latitude 0°, ambiance au Volcan Cayambe (5790m)

Nous sommes aujourd'hui à la lagune du Quilotoa, un magnifique lac de cratère. Le nouveau départ aurait pu être plus paisible et positif mais Pépère a décidé de faire des siennes avec la boîte de transfert fendue en deux au moment de reprendre la route... Un nouveau pépin mécanique qui va nous obliger à nous arrêter une semaine ou deux, le temps de trouver les pièces, de les commander, de les faire venir... Nous ne sommes pas si mal à attendre là et se profilent déjà des leçons de cuisine équatorienne avec le cuistot de l'hôtel où nous profitons du wifi et de la douceur du poêle à bois !


A très bientôt !

Les Galopères.