Avril 2017, Mission Colombo en Colombie !

La Colombie, nous y voilà enfin... Depuis le temps que nous avions envie d'y être, ça y est nous y sommes ! Nos yeux collent encore un peu lorsque nous arrivons à l'aéroport de Carthagène, après une petite halte fraîche en transit à l'aéroport de Bogotá. Juste le temps de prendre une bonne bouffée d'air frais et quelques gouttes sur le bout du nez. La nuit blanche dans l'aéroport de Panamá n'a pas été de tout repos mais nous allons avoir du temps à Carthagène pour nous reposer en attendant l'arrivée du bateau, 4 jours après nous. 

On nous avait prévenu qu'à Carthagène, nous allions mouiller la chemise... Nous sortons à peine de l'avion que déjà nous sentons cette moiteur caribéenne se coller chaleureusement à nous. Dégoulinant de sueur, notre nuit blanche est déjà derrière nous et nous avons envie de marcher les 6 kilomètres jusqu'au petit hôtel où nous avons réservé une chambre avant de retrouver notre chez-nous. Tant que nous avons un peu d'énergie avec cette chaleur, autant en profiter. En faisant la réservation de la chambre quelques semaines auparavant, nous nous sommes retrouvés face à un dilemme : la chambre avec le petit déjeuner compris ou la chambre avec l'air climatisé ? Le choix n'est pas difficile à faire, tant pis si nous avons le ventre vide tant que nous ayons un peu de frais ! L'hôtel se trouve être dans un quartier loin de la ville coloniale et des quartiers touristiques de Carthagène, nous sommes alors bien chez les Colombiens et nous nous y sentons bien. 

 Promenons nous dans les rues colorées de Carthagène des Indes la coloniale

Nous nous laissons du répit pour rattraper notre manque de sommeil et profiter de la fraîcheur de notre nouveau petit nid. Nous passons la journée au frais à mettre le travail à jour sur nos ordinateurs, nous découvrons un peu de la Colombie en créant nos cartes avant de la découvrir pour de vrai. Visiter la ville coloniale, aller acheter de l'eau ou de quoi manger sont nos uniques sorties, toujours à pied, mais malgré tout, nous faisons des kilomètres sous la chaleur caribéenne. Des kilomètres utiles puisque nous passons plusieurs fois à côté du port, ce qui nous permet de repérer les lieux pour les jours à venir, lorsqu'il sera temps de réaliser les démarches pour récupérer notre Toyota. Afin d'être encore mieux préparés et soudés dans ces démarches, nous retrouvons Claudia et Tim, avec qui nous partageons le conteneur, qui eux aussi sont bien arrivés à Carthagène. Le jour J peut arriver, nous avons l'assurance automobile obligatoire en poche et avons bien mémorisé les étapes de la procédure de récupération de notre "marchandise". Nous sommes prêts.   

 Un dimanche de baseball improvisé dans la ville fortifiée 

4 conteneurs de véhicules ont été chargés entre le Panamá et la Colombie par le compagnie Evergreen cette semaine-là... Au total, 6 motos, 5 Toyotas, 1 Jeep et 1 Suzuki... Des compagnons de route appartenant à des voyageurs du monde entier : 1 néozélandais, 5 belges, 1 allemande, 1 brésilienne, 2 canadiens, 6 américains, 3 français et un chien... Quand nous parlions d'être préparés et soudés dans les démarches avec Tim et Claudia, l'équipe est au top... Nous arrivons tous au port le Jour J, dans les starting-blocks. Récupérer son véhicule prend très vite l'allure d'un grand jeu d'épreuves à réaliser en équipe. On court d'un lieu à un autre, certains ont un bonus de temps en prenant le taxi, on gagne un papier, on passe à l'épreuve suivante "banque", on gagne un nouveau papier, on court encore puis on retourne à la case départ avec une pénalité de temps d'attente puisque c'est l'heure du repas et qu'en Colombie, tout le monde s'arrête... 

14 heures, nous pensons tous que c'est reparti, les pieds trépignent de nouveau, bien décidés à récupérer nos véhicules le jour même. Mais les meneurs du grand jeu ont quelques soucis d'organisation et une baisse d'énergie. L'épreuve suivante doit être remise au lendemain. De toute façon, ce n'est pas pour eux que continue à tourner le chronomètre et notre impatience se heurte quelque peu au flegme des membres de l'administration portuaire. Comme ce sont eux les maîtres du temps, nous devrons être patients jusqu'au lendemain pour un nouveau départ sur les chapeaux de roues, en Colombie ! Ils vont avoir besoin de café au port pour suivre le rythme !

La machine à café ne fonctionne malheureusement pas le lendemain, c'est donc avec deux Red Bull que nous nous présentons aux administrateurs de la livraison de notre Toyota :  "Allez les gars, aujourd'hui faut que ça bouge !". Un peu excédés du rythme de la veille, c'est donc avec une touche d'humour et des boissons excitantes que nous essayons de faire bouger les choses un peu plus rapidement. Un peu arrogant diraient les canadiens mais efficace... jusqu'à la pause repas ! 14h, c'est reparti, on s'active, on y croit, on y court ! Mais ça doit être l'heure de la digestion et il y a toujours une histoire de papier qui manque. Après plus d'une heure à attendre sous le soleil des tropiques, enfin, c'est l'heure de la sortie ! Et un à un, chaque véhicule des 13 embarqués défile. Tout le monde a gagné !

Propriétaires heureux devant NOTRE conteneur !
 
Une étape franchie, il n'y a plus qu'à sortir du port maintenant
 
Fournée de voyageurs en attente

Puis il est temps de dire au revoir aux uns et aux autres, à ceux qui ont la bougeotte et qui veulent déjà être très loin, et à ceux qui prennent le temps pour que nous partagions un repas ensemble. Puis, nous partons en route vers la Guajira, cette région un peu plus au nord pour une petite escapade désertique avant de rejoindre les terres de l'éternel printemps. Un dernier coup de chaud dans des paysages arides aux couleurs magnifiques où vivent les Wayúu, peuple indigène qui a réussi à apprivoiser ces terres inhospitalières si proches de la frontière avec le Venezuela. Ici, on y boit des "Polar", bières importées du Venezuela, avec du ragoût d'iguane et de la chèvre grillée. Nous avons gouté bien évidemment ! 

Une terre magnifique mais dure à vivre...

Tout ici, bien vivant ou minéral, est fait de nuances de bleu ou d'ocre

El Cabo de la Vela, ou le Cap de la Vela, une des pointes les plus au nord de l'Amérique du Sud

Ah oui, vous devez encore vous demandez qu'est-ce que vient faire Colombo en Colombie !... Resituons les faits. Valledupar, ville du département de Cesar, sur notre route vers le sud.

Nous faisons halte dans un centre commercial où nous espérons trouver du wifi pour se connecter sur la toile après quelques jours dans la partie extrême nord de l'Amérique du Sud. Nous pensons y passer une deuxième journée avant de continuer la route. Nous trouvons un coin dodo parfait, il y fait frais en fin de journée, l'eau de la rivière qui coule directement de la Sierra Nevada de Santa Marta nous invite à nous baigner. Nous la vivons bien la Colombie jusque là !

De retour au centre commercial le jour suivant, nous y passons toute la journée et sachant où dormir, nous retournons camper sur les berges du río Guatapurí. Jusque là tout va bien mais nous sentons que quelque chose cloche. Nous comprenons vite le lendemain matin en prenant notre petit déjeuner d'où nous vient ce sentiment bizarre. Le sac de l'appareil photo manque, ainsi qu'un objectif et un flash dans leur housse. Nous avons été volés sans traces d'effraction et sur le parking sécurisé et fermé du centre commercial ! Ni une ni deux, nous rangeons le petit déjeuner, fermons la tente de toit et grimpons dans la voiture direction le centre commercial pour rencontrer les personnes de la sécurité. Un policier étant sur les lieux, il contacte deux policiers de la Police Judiciaire qui viennent prendre notre déposition. Nous remplissons un protocole de requête auprès du centre commercial afin de pouvoir visionner les vidéos, étant sûrs que le vol n'a pas eu lieu à côté de la rivière. Nous n'y avons croisé personne et la voiture est notre maison, nous nous en serions rendus compte alors que nous étions dedans ou autour !  

Nous passons nos journées à éplucher les annonces sur internet, nous partons en quête du matériel dans le centre-ville où existent de nombreux commerces de "Compra/Venta", dans les laboratoires photo, chez les photographes professionnels. Nous nous doutons bien que deux blancs souhaitant acheter du matériel photographique dans un centre-ville où tout se sait ne passent pas inaperçus. Pendant ce temps-là, le centre commercial ne nous donne aucune nouvelle et continue à affirmer que le vol n'a pas pu avoir lieu sur le parking... Même si nous avons l'impression parfois que remuer ciel et terre ne changera rien, chaque jour quelque chose de nouveau nous aide à ne pas baisser les bras. Après 5 jours, le policier nous conseille enfin d'aller porter plainte, nous ayant dit jusque là que ça ne servirait à rien. Nous nous retrouvons dans une file d'attente où l'un a failli se faire tuer le week-end, une autre se cache le visage complètement meurtri et nous venons expliquer un vol pour lequel nous n'avons aucune preuve qu'il s'est réellement passé. Le sac s'est comme pffft ! envolé... Une mauvaise blague bien réelle au pays du réalisme magique ?!

Nous sommes révoltés et en même temps, nous ne comprenons pas ce qu'il s'est passé et encore, nous demandons à voir les vidéos que le centre commercial ne veut toujours pas nous montrer. Peut-être qu'enfin avec la plainte, nous aurons l'autorisation ? Même pas ! On nous conseille d'aller voir la presse pour passer un message et proposer une récompense. En 2 temps 3 mouvements, le caméraman fait la mise au point sur nous. Nous nous exprimons du mieux que nous pouvons et le message est balancé à la télé locale. Le même jour, de retour au centre commercial, nous réclamons à voir les vidéos, de nouveau. Le policier qui a reçu notre plainte nous a dit de contacter la police s'ils ne voulaient pas nous les montrer. Deux nouveaux policiers de la Police Judiciaire sont envoyés vers nous et enfin, il est prévu que nous voyions ensemble les vidéos le lendemain. 6 jours déjà que le vol a eu lieu, des choses semblent se débloquer enfin. 


Les chefs de la sécurité se frottent les mains le lendemain lorsque nous visionnons ensemble les vidéos. Ils affirment qu'il n'y a rien, seulement nos allers et venues, ce qui confirmerait le fait que le vol n'a pas eu lieu sur leur stationnement. C'est aussi ce qu'ils oseront affirmer à la presse en réponse à notre message. Lors de l'affichage de la vidéo de surveillance du parking, la vue distante et la piètre qualité de l'image nous fait penser qu'il sera difficile de constater quelque chose c'est vrai. En plus, la personne responsable des vidéos s'applique à ne passer la vidéo que seconde par seconde. C'est décourageant, il est évident que nous n'allons pas regarder 11h30 à ce rythme ! Nous demandons à passer un moment en fin de journée où nous avons fait le plein d'eau. Nous étions à côté de la voiture, nous aurions vu quelque chose mais en même nous avons un doute et c'est le seul moment où la voiture était ouverte. Ceci pourrait expliquer le fait qu'il n'y a pas de traces d'effraction... Mais il ne se passe clairement rien à ce moment là sur la vidéo... La réunion se termine sur le fait que l'hôtel d'en face pourrait avoir des images permettant de voir plus de choses. Allons donc demander à l'hôtel !

Nous faisons avec les policiers un tour du centre commercial pour mettre à plat les éléments que nous avons sur notre journée du 5 avril afin d'essayer de comprendre. Nous les retrouverons le lendemain pour les accompagner pour demander les vidéos de l'hôtel. Mais, encore une fois, une histoire de protocole nous demande d'attendre pour obtenir les vidéos et les examiner. Nous patientons en épluchant toutes les annonces que nous pouvons trouver sur internet encore et encore, en cas que la personne cherche à vendre le matériel sur le net. C'est tout ce que nous pouvons faire jusque là et nous restons bien en vue des vidéos du centre commercial pour qu'ils ne nous oublient pas. Nous rappelons aux policiers que nous voulons aider si nous pouvons pour visionner la vidéo dans son intégralité et nous sentons qu'enfin quelqu'un commence à prendre un peu en considération ce que nous vivons et notre perte. 

L'un des policiers, un super policier bien qu'il n'ait pas de cape et qui met ses slips sous son pantalon, est un mec en or et il nous invite à venir visionner la vidéo chez lui. Nous sommes donc sous la supervision de la Police Judiciaire. Les heures de la vidéo défilent en me vitesse et nous espérons y voir quelque chose, ne serait que pour comprendre ce qu'il s'est passé car cela reste encore un mystère. Nous aimerions bien savoir où nous avons fait une erreur, surtout que nous n'avons pas sorti l'appareil photo justement pour ne pas l'afficher à la vue de tous, que le sac n'était pas visible dans la voiture etc... Et c'est là que nous trouvons enfin LE moment du vol sur la vidéo ! Nous sommes alors le 14 Avril, 9 jours après le vol. Difficile d'imaginer retrouver le matériel avec ce temps perdu mais maintenant, il en est de la responsabilité du centre commercial de répondre à cela, sachant que leurs "experts" de sécurité comme ils disent n'ont rien constaté d'anormal dans la vidéo. Qu'Alexandre l'ait vu sur la vidéo avec son "œil du vigile" comme il dit, fort de ses 6 ans à Airbus, c'est normal. Que moi aussi je l'ai vu sans problème, c'est que leurs "experts" ne valent pas grand chose ! Ou sont des menteurs... Tout est possible !


A partir de là risque de commencer une bataille juridique et nous prenons connaissance de nos droits en tant que consommateurs et clients. Au regard de la loi, le centre commercial est responsable... Mais prenons aussi le temps d'apprécier Valledupar et encore une fois, c'est grâce à notre policier et sa petite famille que nous passons un excellent dimanche de Pâques à savourer de la viande grillée au bord de la rivière. L'accueil et la chaleur des colombiens est bien une réalité. Bien que rien ne soit résolu encore, nous vivons de vrais moments heureux ! Nous gardons des souvenirs bien forts en tête, faute de pouvoir faire des photos ! Nous avons bien l'intention de rester là le temps qu'il faut et d'ores et déjà, nous savons que nous pouvons demander une extension de visa pour au final passer 6 mois en Colombie !

Nous espérons donner de bonnes nouvelles très bientôt ! En tout cas, nous ne baissons pas les bras et Pépère, dont le pont arrière attend toujours d'être ouvert, va bien ! Après le juridique viendra la mécanique !

A bientôt,

Les Galopères

1 commentaire:

  1. j'aime votre humour dans cette circonstance plutôt désagréable ! Je vous aime , c'est tout ! Faites la bise à Colombo !

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